Mercredi 07 avril 2021 par Martine
C'EST LE PRINTEMPS !
Nous en avons eu des preuves irréfutables à Courtagnon en ce mercredi 31 mars. Cela a débuté par une forme bizarre sur le chemin, identifiée très vite comme un petit crapaud. Mais chose bizarre, il nous a semblé mal en point et ne s'est pas sauvé à notre approche. Alors même s'il a senti qu'il avait affaire à la crème de la crème des randonneurs, il y a des limites. Nous les avons vite identifiées. Il n'était pas seul. S'agissait-il d'une maman ramenant sur son dos un jeune perdu ou fatigué, étions nous tombés en pleine récréation crapaudine ? Non les amis, les choses étaient bien plus engagées et force fut de reconnaître que nous étions en pleine copulation. Enfin les crapauds cités plus haut, nous, jamais en randonnée.
Vous imaginez sans peine ce que cet incident peut déclencher comme chant chez Henri et nous n'avons pu échapper à Gainsbourg. Je voulais vous rafraîchir la mémoire et en lieu et place de la version nostalgique de notre jeunesse, j'ai découvert cette version que je ne connaissais pas et qui colle mieux à notre génération.🤣
Nous pensions être au sommet de l'art lyrique de notre chantre mais les berges de l'étang de Moreuil nous laissèrent pantois et un peu gênés de n'avoir pas frappé avant d'entrer : nous étions en pleine orgie amphibienne, une "teuf" de crapauds version X. Mieux valait ne pas dormir à proximité la veille au soir car le site de rencontres a dû être très bruyant.
Reprenons notre sérieux et notre mission pédagogique auprès de randonneurs frustrés... de km. La période de reproduction des crapauds correspond bien à la date de notre équipée. Le crapaud n'est pas volage (si en fait) mais pas aquatique. Il ne se met à l'eau que pour s'accoupler et le couple trouvé sur le chemin était à deux doigts du bonheur. Dans la grande tradition masculine, le mâle n'hésite pas à se faire porter par la femelle jusqu'aux lieux des ébats. Heureusement la nature a prévu cette paresse congénitale et il est plus petit que sa transporteuse.
Bon le dimorphisme n'est pas toujours aussi fort mais vous connaissez le journalisme : le poids des mots, le choc des photos. Cette "empoignade" virile est l'amplexus : mode d'accouplement par embrassement. C'est un réflexe de base qui sert à synchroniser le processus de ponte (des ovules ici et pas des œufs) et la livraison du sperme dans l'eau. C'est une pseudo-copulation. Ces amphibiens ont une fécondation externe. Beaucoup de mâles pour peu de femelles alors la confusion peut régner parfois, souvent même, comme le révèlent cette image.
Et encore mieux cette vidéo. Vous pouvez passer les30 premières secondes.
https://www.youtube.com/watch?v=OXe8HOFpNSw
Lire plus: https://www.aquaportail.com/definition-10137-amplexus.html
Lire plus: https://www.aquaportail.com/definition-10137-amplexus.html
Les mâles semblent être dans une période de transe pendant l'amplexus ; ils sont pratiquement impossibles à séparer de la femelle sans nuire à aucun des animaux. L'intérêt de cet "amour à la cosaque" est d'interdire une fécondation des ovules par un concurrent.
https://www.youtube.com/watch?v=6bMRfpbIBPY
Ils sont parfois tellement pressés de se faire du bien qu'ils agrippent parfois n'importe quoi : morceau de bois, autre espèce...Ici une salamandre. Ne tombez pas à l'eau en cette période !
On note cependant un effort de présentation car la mue a lieu juste avant le déplacement des sites d'hivernage vers les mares de reproduction qui peut durer jusqu'à deux à trois semaines. La crème pour les mains ne fait pas partie du protocole, en effet, pour obtenir une meilleure adhérence sur le dos visqueux de sa partenaire, le mâles développe des cals rugueux sur les pouces, appelés coussinets nuptiaux. Leurs pattes antérieures sont nettement plus musclées également. (Il est possible de faire un parallèle avec les salles de sport mais bon, chacun fera comme il veut).
Ensuite la saison de reproduction est explosive : deux à trois semaines et tous les adultes ont quitté la zone dans les heures qui suivent la dernière ponte. Inutile donc de vous déplacer, même si Courtagnon est 10 km de chez vous, circulez il n'y a plus rien à voir. Cependant l'an prochain, si cela vous intéresse, un arrêt de bus vous dépose sur les lieux.
Pour ceux qui souhaiteraient aient une découverte plus culturelle de Courtagnon, je les renvoie à l'article du mercredi 17 mars 2019, encore disponible sur le blog. La randonnée avait été ce jour-là, une vraie coulée de boue, alors que ce mercredi 24 mars 2021, une seule flaque que je vous mets en photo car c'est une petite falque de rien du tout. Pour les reste du chemin, des sentiers secs, agréables aux chaussures.
Il fallait fêter cela dignement et c'est Henri qui nous permit de terminer gaiement cette randonnée. Après les nombreux layons arpentés sur les côteaux, place au Côteau du Layon de dix d'âge. Les mesures respectées, ainsi que les quantités nous ont mis de charmante humeur mais pas en transe, rassurez-vous.
Après cette lecture,
vous marcherez moins bêtes
mais vous marcherez quand même.
Rendez-vous pour le prochain épisode : Hermonville avec Christian.
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