A 1 km autour de chez moi / départ du 61 rue du Châlet

4 Mai 2020 , Rédigé par Rando evasion

C’est une belle idée ce « 1 km autour de chez soi », on peut emprunter des itinéraires inhabituels, découvrir des ensembles immobiliers inconnus, c’est une toute autre vision de son quartier.

En étirant un peu,  mon km imparti, juste après le lycée Maryse Bastié dont vous a parlé Frédérique, je suis arrivé dans une zone d’activités dénommée « le port sec » par analogie probablement avec le port sur le canal très actif le siècle dernier.

J’avais le souvenir d’une friche industrielle squattée pendant de longues années et je me retrouve maintenant en face d’un ensemble harmonieux restauré avec goût. La régularité et l’élégance des façades obtenue par l’alternance de la brique, du béton et de larges baies à arcs, la taille des bâtiments, les larges allées, les corniches et les bandeaux moulurés séparant les étages donnent à ce site industriel une certaine grandeur.

De nombreuses entreprises se sont maintenant installées sur ce site parsemant les façades de panneaux publicitaires mais il reste au fronton du bâtiment central un nom en relief « les docks Rémois ».

Un ensemble de 26 panneaux explicatifs le long des bâtiments renseigne sur l’histoire, la belle histoire de ces docks Rémois. Malheureusement, souvent, les belles histoires finissent mal.

 

Le particularisme de ce site a bien sûr a attisé ma curiosité et je vous livre ci-après un résumé succinct de ce que j’ai pu apprendre et qui renvoie à une page glorieuse de l’histoire de Reims . En effet entre les années 1866 et 1900, Reims fut le berceau du succursalisme en France et engendra, de ce fait, une révolution du commerce de détail.

Au 19eme siècle il y avait dans chaque ville, un foisonnement de magasins d’alimentation souvent 1 tous les 100 m. Chaque petite épicerie était confrontée à des problèmes d’approvisionnement, de prix, de variété et de fraicheur des produits etc… ce qui explique, en partie, Le besoin de se regrouper pour être concurrentiel. (Déjà…)

C’est ainsi que sont apparues des enseignes dont probablement les noms vous rappelleront votre enfance :

  • En 1866 un ouvrier tisseur, Etienne Lesage crée « les  Etablissements Economiques »
  • En 1888 quelques grossistes fondent les « docks Rémois » et ses succursales à l’enseigne du « Familistère »
  • Un autre épicier grossiste Mr Mignot fonde les « Comptoirs Français »
  • Et une belle histoire avec Mr Goulet qui crée en 1900 avec sa femme Mme Turpin les « Goulet-Turpin »

Mais revenons aux Docks Rémois

Très rapidement à l’étroit dans leurs locaux en ville ils achètent un terrain de 12 hectares sur la commune de Betheny sur lequel ils implantent des bâtiments sur plus de 50 000 m2, reliés par rail à la compagnie des chemins de Fer de l’Est.

 

Les bâtiments ne sont pas seulement des entrepôts (on dirait maintenant une base logistique), mais aussi des ateliers de conditionnement et de production intégrée qui ont compté, à leur apogée, près de 2000 employés.

 Quelques exemples montrant l’importance de ce site entre les deux guerres

  •  On torréfiait plus de 10 t de café par semaine
  •  On manipulait plus de 50 000 tonnes de mercerie par an
  • La boulangerie produisait plus de 3000 kg de pain par jour
  • La boucherie abattait 70 porcs par jour
  • La Charcuterie produisait des km de saucisses et des tonnes de pâté par mois
  • Il existait aussi un atelier de conditionnement des vins et spiritueux avec lavage des consignes. Cela se comptait en hectolitres par jour mais ,pour compenser, il y avait aussi un atelier de production de limonade et d’eau gazeuse.
  • Je n’oublie pas non plus l’atelier de chocolaterie ou la production se comptait par tonnes.

En examinant le plan du site j’ai constaté que ces bâtiments étaient complétés par des écuries, effectivement la distribution dans toutes les succursales, au début du 20ème siècle, se faisait encore par voitures hippomobiles.

En partie détruit pendant la guerre de 14-18 puis en 39-45 les docks Rémois n’ont pas survécu à la transformation de la distribution et de la crise de 1970, il y eu quelques tentatives avec les enseignes GEM et Radar mais toute activité a cessé vers 1980.

 

Bien que n’étant pas inclus dans mon « 1 km » je ne serais pas complet sans vous rappeler que le bâtiment art déco ci -dessous à l’angle de la rue de Vesle et  de la rue Talleyrand, mais qui ne le connait pas ?, fut construit vers 1920 pour le siège social des Docks Rémois.

 

C’est une belle histoire je vous invite à la prolonger par la visite du site et, si vous êtes curieux, à lire la belle aventure de Mr Goulet et Mme Turpin.

Daniel B.

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