Dimanche 05 juillet en Argonne
Rando plate et sans bâtons
Vous avez juste une minute, cliquez sur le lien à la fin de l'article, sinon, bonne lecture.
Questions au départ de la rando : faut-il prendre les bâtons ? Y-a-t-il beaucoup de dénivelé ? Meuh non affirme l'animatrice malgré les protestations du deuxième animateur. Quand on aime on ne voit que les qualités, non ? De même elle avait garanti le beau temps...
Effectivement, elle avait tort et les preuves sont là. Il est vrai que cela descend un peu sec parfois !
Il est vrai aussi qu' il suffit de passer le pont et c'est tout de suite de suite de belles grimpettes.
Mais quelle récompense au sommet, le soleil est enfin de la partie pour le pique-nique et les fougères (ou les tiques) nous offrent une terrasse de rêve.
En chemin, halte touristique à l'Ermitage Saint Rouin. C'est au 7ème siècle, qu'un moine irlandais dénommé Chrodingus ou Rodingus fonde un monastère à Beaulieu, rejoint par de nombreux disciples. Sur la fin de sa vie, Rodingus se retira dans ce petit vallon jusqu'à sa mort. L'ermitage, qui devint Saint Rouin, fut habité par des moines jusqu'à la révolution. En 1950 le curé des Islettes fait appel au Père Rayssiguier, dominicain et collaborateur de Matisse à la chapelle de Vence. Il élabore une nouvelle chapelle très sobre, sur les principes de Le Corbusier, faisant appel au nouveau matériau de l'époque, le béton. Erigée sur pilotis pour absorber la pente, elle s'harmonise avec les fûts des arbres bicentenaires.
A l'intérieur on peut admirer de jolis vitraux dessinés par une jeune japonaise de 8 ans, Kimié Bando. Ils apportent une touche de douceur sur ce béton en tamisant la lumière. C'est à Kimié que l'ont doit aussi le sol travaillé du parvis.
Mais encore plus surprenant est le retable de l'abbaye de Beaulieu, qui trône, au fond du parc, tel une cathédrale de verdure. Jamais l'abbaye ne fut à cet endroit mais le retable y fut transporté et donne une touche un peu irréelle au lieu.
Nous ne repartons pas sans quelques suppliques à la fontaine miraculeuse pour que le terrain accuse moins de relief !
Toute la journée, c'est la magie de l'Argonne qui opère. Les arbres tutoient le ciel et le randonneur, les étoiles. Dans ce petit pays, aux paysages changeants, l'unité se fait dans la forêt qui barre l'horizon à perte de vue sur 80 000 hectares soit la moitié du territoire. Argonne vient d'ailleurs du mot celte ERKUNIA qui signifie "forêt de chênes". Impossible de résister à ces images d'automne.
Aucune raison historique ne délimite cette région, en revanche, la géologie a ce pouvoir. Il n'est d'Argonne que de gaize et de gaize que d'Argonne ! La gaize qui n'apparaît presque nulle part ailleurs et l'argile permettent de définir le pays à 90 % : un ilôt de gaize perdu au milieu d'un océan de calcaire. La gaize, roche gréseuse à ciment calcaire ou argileux est peu propice aux cultures ce qui explique la persistance de la forêt. Trois gisements dans le monde Japon, Ecosse et ... Argonne.
Un bel affleurement est visible sur la route au départ de Passavant.
Après la traversée de vergers bien tentants, nous voilà de retour à Passavant en Argonne. Le village, très bien restauré s'apparente au type de village lorrain avec une longue rue, des maisons jointives et des usoirs alors que les auvents de bois avec leurs aisseliers apportent une touche argonnaise.
L'usoir correspond à un recul du bâti individuel d'environ 3 à 7m depuis la chaussée dans des villages où les maisons sont jointives. Cet espace est libre d'usage publique, mais généralement de propriété publique.
" La rue avec ses usoirs était alors la partie la plus vivante du village.... où régnait un "désordre organisé"... On y voyait le tas de fumier, véritable baromètre de l'activité paysanne : "gros fumier, grand grenier". On y préparait les attelages avant les travaux ; le rémouleur y installait sa roulotte et sa meule. Le colporteur y présentait son haut coffre bourré d'articles rares. On y pratiquait la tonte des moutons et la monte des animaux. On y tuait le cochon... Le matelassier, le rempailleur occasionnels et le maréchal ferrant y exerçaient leurs activités..."J.P. Wieczorek, Reflets de la mémoire du monde rural
Dégustation du jus de pomme local pour terminer cette belle journée. Merci à tous les participants pour leur bonne humeur et leur résistance à la bruine, aux fausses annonces et grand merci à Lionel pour les photos et la vidéo.
Petit résumé de la journée
Commenter cet article