A 1 km autour de chez moi
Au départ du 71 avenue Jean Jaures / Episode 2
Reprenons notre marche, interrompue par un bug informatique. Si le blog se confine aussi, je ne joue plus. Rappelez-vous, je tournais boulevard Lundy. L'aborder, c'est aborder le monde des belles demeures.
Curieusement il n’est pas très fréquenté en cette période de confinement, cela peut-être en raison du stationnement en épis qui ne laisse que peu de place aux piétons et comme il n’y en a pas du tout pour les vélos, il faut souvent partager la mince bande de trottoir.
Le faste commence de suite avec le numéro 2, l'Hôtel Godbert, hôtel particulier, dont les travaux furent exécutés en 1875, à la demande du manufacturier Rose-Croix Godbert, avec les plans de l'architecte Edouard Lamy. La sculpture des ornements avait quant à elle été confiée à Joseph Wary, signataire de la fontaine Subé.
Le fils Céleste Godbert, critique dramatique, occupa l’hôtel jusqu’à son décès en 1913 et l’industriel Léon Paindavoine (1892-1962), racheta la demeure en 1928 et l’occupa jusqu’en 1935. En 1936, l’hôtel est à nouveau inoccupé. En 1955 il est propriété de la société « Le Ciment armé Demay frères ». Enfin en 1980, l’immeuble sera divisé en copropriété sous le nom de « Société civile immobilière Aristide Briand" mais il a bien failli disparaître !
« On frémit à l’idée que cette maison a failli disparaître sous la pelleteuse des démolisseurs pour faire place à une hideuse station-service. Et il s’en est fallu de peu, voici pourquoi : En 1973, le permis de démolir avait été accordé par la Ville de Reims pour y construire un immeuble de 5 étages avec station-service ! Et pour l’enlaidir davantage, la Direction de l’Équipement demandait par son courrier du 5 mars 1975 d’imposer un retrait de l’immeuble pour le mettre à l’alignement du boulevard.
Heureusement, l’encadrement des crédits, fera que l’architecte laissera passer les délais et le renouvellement de son permis sera rejeté. La Ville de Reims n’accordera pas de nouveau permis de construire, sans doute sur l’intervention du Ministère, via Arlette Rémia.
Cependant, un promoteur revient à la charge en 1978, avec un projet d’une laideur à faire pleurer.
Mais les projets de démolition et de reconstruction seront rejetés. De même qu’une demande de démolition d’une cheminée et de la suppression de la coupole, soi-disant dangereuses, seront refusées. Depuis les cheminées ont disparues alors qu’elles existaient encore en 1984 !
Note : Ce texte est extrait d’un article publié, pour l'essentiel, en juin 2001, dans le n° 9 de Regards sur notre Patrimoine, publication de la Société des Amis du Vieux Reims et que j’ai trouvé sur le site de » La vie rémoise »
Quand vous serez moins pressés par l’horaire du Corona, prenez le temps d’admirer : la profusion des ornements, tels que pilastres, guirlandes, bustes, fleurs, consoles, cariatides, corniche à modillons, postes, balustrades en fonte ou en pierre tournée, Hercule revêtu de la peau du lion de Némée, cartouche de marbre au monogramme enlacé G.D. (Godbert-Deverly). Sans oublier la toiture aux immenses brisis d’ardoise, terminés par des bourseaux ornés d’oves et de feuilles d’acanthe en plomb aux extrémités.
Par Clelie Mascaret — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=22870231
Sublime luxe : La disposition des lieux, qui avait permis l’ouverture de deux portes cochères, offrait lors des réceptions la possibilité aux équipages d’entrer par le boulevard Lundy, de déposer les invités sous le passage vitré, à l’abri des intempéries, et de ressortir par la rue Warnier sans avoir à faire de fastidieuses manœuvres dans la cour. Celle-ci fut ainsi réduite au minimum, au profit du jardin dont les dimensions sont toutefois assez modestes du fait de la présence de communs importants.
Remarquez sur la photo de 1903 que la rue Jean Jacques Rousseau ne démarre pas sur la place à cette époque.
Passé le n° 2, on entre dans le monde du champagne. Mais non, me direz-vous. Et le Temple ?
Mélanger ainsi spiritualité et spiritueux, quelle horreur ! Mais l’origine de cet édifice donne la réponse car en 1833, la ville de Reims, accepte un retour officiel du culte protestant, principalement grâce à l'influence des négociants de champagne d'origines allemandes Johann-Joseph Krug ou Charles Heidsieck. Le culte est d'abord donné au 2 rue du tambour à puis l’ancienne chapelle des Magneuses, et en 1867, le culte se fait boulevard Lundy dans ….un ancien fouloir aménagé par l'architecte Narcisse Brunette. Je vous le disais, le champagne, toujours le champagne.
Situé au 13 boulevard Lundy, le temple protestant de Reims a 90 ans.
* Le terme « temple » est traditionnellement utilisé par de nombreux protestants en France par allusion directe au temple de Jérusalem, le terme « Église » pour désigner un lieu de culte n’apparaissant pas dans le Nouveau Testament. Le temple chez les protestants est donc simplement un lieu où les croyants rendent un culte à Dieu. C’est en raison du caractère communautaire et public du culte que des édifices spécifiques sont érigés ou réaménagés. La forme et l’esthétique du bâtiment cultuel n’a qu’une importance secondaire.
Il n’existe pas de théorie d’architecture issue de la Réforme et de nombreux temples de tradition réformée ont une forme rectangulaire, voire octogonale ou plus ou moins circulaire, afin de remplir au mieux leur fonction de rassemblement des fidèles autour de la chaire. Par ailleurs, ils possèdent des galeries qui ont l’avantage d’offrir une vue dégagée sur la chaire. L’existence de larges fenêtres est fréquente ; en effet, Dieu est lumière, il convient donc de laisser pénétrer la lumière naturelle. Enfin, l’adjonction d’un clocher n’est pas du tout systématique et celle d’un cloître est exclue.
Or, si le temple de Reims édifié en 1867 relevait de cette tradition (plan rectangulaire, galeries, fenêtres sur la rue, clocher se réduisant à un campanile), ce n’est pas le cas du temple reconstruit en 1923 sur les mêmes lieux après la guerre de 1914-1918. L’architecte Antoine Charles Letrosne, a conçu le temple dans le style néogothique et selon un plan en croix latine.
Reste que ce bâtiment se caractérise extérieurement par sa sobriété « toute religieuse » : choix d’un matériau modeste (brique rouge), clocher discret, décoration sobre tant dans sa thématique (la vigne) que dans sa forme.
Certains éléments trouvent leur origine dans la vitalité de l'art du vitrail en Champagne (vitraux de Jacques Gruber) ou le style Art déco (fresques recouvertes de G. Louis Jaulmes) dans la reconstruction de Reims.
Quant au cloître, attribuer ce terme à cet édifice est contestable car il n’a rien à voir avec un cloître médiéval : sa fonction est celle d’un monument aux morts élevé en souvenir de la Grande Guerre et le visiteur découvrira même dans le jardin un amas de pierres et la croix de fer provenant de l’ancien temple détruit par les bombardements allemands du 19 septembre 1914.
Accorder cette fonction à cet édifice est finalement un signe d’ouverture de la communauté protestante à la cité, ouverture que manifeste symboliquement la possibilité de voir la galerie et le jardin du cloître depuis la rue.
Extrait d’un Texte de P. GUTTINGER Photos M. H. WIECZOREK
L’orgue du temple est, avec les grandes orgues de la Cathédrale et de la Basilique Saint Rémi, le plus important des instruments de la ville. Le temple protestant de Reims a abrité un orgue romantique belge du célèbre organier Joseph Merklin en 1868, détruit lors de la Première Guerre mondiale. En 1923 est construit sur la tribune un orgue néo-classique de 11 jeux de Haerpfer, complété vers 1970 par le pasteur Pierre Valloton dont il ne reste aujourd'hui que le positif de dos, pastiche. Le temps a passé, que l'instrument s'est normalement détérioré et il n'a pas pu être entretenu suffisamment. Actuellement, il est impossible d'utiliser l'orgue pour un concert. Beaucoup de notes ne parlent plus et certains jeux sont totalement inutilisables
Georges HERR, 2 septembre 2013
Le temple de Reims abrite aussi un espace culturel ouvert à tous avec de nombreux concerts, sorties et conférences.
Le boulevard est très long et les maisons de champagne nombreuses, elles feront l'objet de l'article suivant. Il faut tenir encore un mois...et plus sans doute !
Portez-vous bien ! Gardez la forme !
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